Retour de vacances ( feat Ryan )

Dans la salle de répétition, le son de ma guitare retentissait. La musique passait de grave à aiguë et de solo à riffs en un rien de temps. Ce que j'avais vu en Italie m'inspirait des chansons tristes ou encore haineuses. Je me souviens du sang qui coulait, de la monstruosité humaine et de l'état dans lequel Mélina était revenue alors qu'elle était l'alpha. Je me souvenais des abominations génétiques que j'ai découvert dans cette cave. Je me remémorai de la folie qui abondait dans cet endroit. Heureusement que l'ai brûlé d'ailleurs. 

Mes doigts bougeaient d'eux mêmes sur le manche de la guitare, entraînant une musique créative et jamais jouée par quiconque sur cette terre, sans vouloir me vanter. Et je repensai aussi à cet instinct animal qui était revenu en moi il y a tout juste une semaine. Cela faisait si longtemps que celui-ci n'avait pas refait surface. Qu'il était bon de chasser, et de tuer cette horreur. Je m'étais fait porter en triomphe par notre troupe, bien que j'adore être le récompensé, ça n'aurait pas dû être moi, mais Mélina, après tout, c'était elle la commandante, celle qui donnait les ordres, moi je n'avais fait qu'obéir comme un bon petit chien. Mais le fait qu'elle m'ait fait porter en triomphe prouve bien qu'elle est d'une modestie incroyable ou qu'elle fut sonnée par ses blessures. 

Aymé devait rentrer ce soir, je l'attendais qu'à moitié, car là tout de suite j'avais besoin d'être seul avec mes pensées. Aujourd'hui je fus assez distant, sauf avec ma meilleure amie, mon Eristoff adorée, cela va de soi et mon autre ami, mon Jack's Daniel. Je m'étais renfermé sur ma musique et avait envoyé baladé Mr Brown quand celui-ci me demanda où était Aymé. Je lui ai répondu calmement mais froidement. 

« - En quoi ça nous regarde ? »

Et il était reparti, en grommelant tout bas. Et je m'étais remis à jouer. Après tout, on avait notre tournée en Angleterre quinze jours après. Et ce fut alors que j'entendis quelqu'un débarquer dans le hall. Il semblait furieux car les bruits de sa casquette et de ses lunettes résonnèrent dans le bâtiment. Les lunettes étaient brisées car j'entendis un « cling ». Les gens n'ont aucun respect pour ses petites choses de nos jours. Heureusement que ce n'était pas une guitare ou une bouteille de vodka. 

Quelques instants plus tard je vis Aymé débarquer dans la salle où je me trouvais. Aussitôt, j'éteins l'amplis et m'apprêtai à lui donner l'accolade quand je vis qu'elle n'allait pas bien. Elle me balança d'une voix humide :

« - Ryan ! Pitié ! Arrête deux secondes la guitare. J'ai besoin de parler. »

Aymé devait réellement être désespérée. D'habitude ce sont les autres qui lui demandent de l'aide, et là, c'est à moi qu'elle en demandait ! Je posai ma guitare, me levai et rangeai mon tabouret. Et je me dirigeai vers la petite table au fond de la salle où étaient posées plusieurs bouteilles. Je pris celle remplie de whisky et m'en servis un verre. Puis je pris celle de soho et en remplis un autre que je donnai ensuite à Aymé.

«  Dis-moi tout, je suis à l'écoute. »

Elle avait vidé tout son sac en buvant quasiment toute une bouteille de soho ! Une bouteille d'un litre descendue en un clin d'oeil ! Il y a aucun doute je déteignais sur elle ! Donc apparemment, Aymé n'était pas qu'ami avec elle, à mon avis. Car, pour le voir aussi énervé et aussi dépressif, il fallait pas être juste un ami. À mon avis, ces deux-là étaient des amants. L'alpha avec mon meilleur ami, génial ! Double pression sur le fait qu'il faille que je protège celle-ci. Si jamais, elle mourrait, les humains auraient un sacré avantage et en plus Aymé me tuerait pour n'avoir pas été à la place de la martyre. Génial.
Je repris un verre, le bus cul sec, et tout en savourant le goût de l'alcool glissant le long de ma langue pour arriver au fond de ma gorge, je regardai le lorialet désespéré et lui posai la main sur l'épaule.

Tu fais chier, tu sais. Tu fais un scandale, tu arrives en retard pour la répète, et tu es au plus bas possible. Tu sais que je déteste te voir comme ça, et c'est au mec fuyant le plus les emmerdes que tu viens demander de l'aide ?! À ton avis, pourquoi je joues de la guitare et fais le con en permanence ? Enfin bon, on est là pour parler de toi, alors dis-moi tout, vas-y. Tu as couché avec Mélina, après l'avoir sauvée et accueillie dans un hôtel sous les yeux d'un paparazzi ? Puis, celle ci se casse en t'envoyant un message quand je suis en Italie avec elle pour libérer des lycans, et ne te parle plus. T'attends quoi de moi exactement ?

À vrai dire je n’attendais pas réellement de réponses. Je repris à nouveau la bouteille de bourbon et au lieu de m'ennuyer à prendre un verre comme tout le monde, je pris deux trois voire quatre énormes gorgées de cet alcool.
Je voulais vraiment jouer de la guitare, mais je pouvais pas, sinon elle l'aurait mal pris. Je devais rester à l'écoute. C'est que font les vrais amis non ? J'essayais d'être le meilleur ami possible.

Aymé, je dois vraiment te dire quelque chose vis à vis de ce voyage en Italie avec Méli.

Je devais lui dire ma vision de la guerre, et lui parler de mon envie de m'y impliquer sérieusement après ces horreurs que j'ai pu voir. C'était pas le bon moment, il fallait qu'on parle d'elle, mais ça me démangeait trop.
Et ce fut à ce moment que débarqua en trombes la secrétaire de M. Brown. Elle portait une tenue très pro, un chignon et des lunettes. Elle avait un beau visage mais elle avait mal choisi son moment en faite.

« Mme Duhasard, M. Brown voudrait vous voir immédiat...
Bon toi ta gueule c'est pas le moment ! », lui criai-je énervé par cette histoire.

En la voyant qui tremblait en fermant la porte, je me sentis un peu coupable mais j'étais toujours exaspéré. Je lui demandai donc doucement :

Et si vous pourriez nous ramener une bouteille de whiskey et une autre de soho cerise ?